Le régime alimentaire de la mère allaitante doit être bien diversifié et adapté à sa faim et à sa soif, souvent accrues pendant cette période. Il doit comporter un apport suffisant en calcium (lait et produits laitiers) et en fer (viandes, poissons), des fruits en quantité raisonnable pour éviter la survenue de diarrhée chez l’enfant (notamment avec les agrumes et les pruneaux) et un apport hydrique important, de l’ordre de 1,5 à 2 L par jour de liquides sous n’importe quelle forme, en évitant toutefois les boissons alcoolisées et les boissons excitantes (café, thé).
Conseils diététiques de base dans le régime alimentaire de la mère allaitante
Certains aliments à goût prononcé comme l’ail, l’oignon ou les épices sont susceptibles de modifier le goût du lait. Ils doivent donc être évités par la mère allaitante car ils peuvent entraîner une diminution de la consommation de lait par l’enfant, du moins temporairement.
En fait, l’allaitement maternel participe à l’éducation du goût des jeunes nourrissons grâce aux différentes saveurs correspondant aux habitudes alimentaires de la mère et transmises par le lait.
Il a également été montré que certaines de ces saveurs pouvaient aussi être transmises in utero par l’intermédiaire du liquide amniotique dégluti par le foetus.
Les restrictions précédemment évoquées ne s’appliquent donc pas aux mères consommant régulièrement certains des aliments incriminés, car l’enfant s’adaptera rapidement aux changements de saveur qu’ils sont susceptibles de provoquer.
Régime alimentaire de la mère allaitante, Idées reçues
Il est souvent conseillé aux mères allaitantes de boire des quantités très importantes de liquides pour favoriser la production de lait.
Il est vrai que les besoins hydriques, et donc la soif, de ces mères sont accrus et qu’il est ainsi nécessaire qu’elles boivent davantage que d’accoutumée pour assurer une production de lait optimale.
En revanche, il est totalement inutile de contraindre ces femmes à boire bien au-delà de leur soif en espérant augmenter leur production de lait.
En effet, les besoins réels sont parfaitement régulés par les centres contrôlant la soif et les boissons ingérées en l’absence de sensation de soif sont excrétées dans les urines et non dans le lait !
Il a également été suggéré que la bière avait un pouvoir galactogène parce qu’elle stimulerait la sécrétion de prolactine. Si tel est effectivement parfois le cas chez les femmes non allaitantes, aucune preuve n’existe chez les mères allaitantes dont la synthèse de prolactine est constamment stimulée.
Cette idée reçue vient du fait que les mères qui allaitent et boivent de la bière déclarent avoir des seins plus tendus, et des nourrissons repus pendant une durée plus prolongée, comme s’ils avaient consommé davantage de lait.
En fait, un travail comparant l’ingestion réelle de lait, par pesée avant et après la tétée, des nourrissons dont les mères buvaient de la bière avec ou sans alcool, a montré que la consommation était moindre chez les nourrissons « saoulés » par l’alcool ingéré par leur mère.
C’est donc l’ivresse qui les empêche de vider le sein de leur mère, qui paraît donc plus rempli, et qui les fait dormir plus longtemps.
Enfin, les potions censées stimuler la lactation vendues en pharmacie n’ont également jamais apporté la preuve de leur efficacité.
Seule une stimulation répétée par la succion des terminaisons nerveuses du mamelon est véritablement efficace. Le meilleur conseil à donner à une mère qui se plaint de ne plus avoir assez de lait est de lui dire de mettre son enfant au sein le plus souvent possible. L’adjonction de biberons de complément, qui diminue la stimulation mammaire, ne pourrait qu’accélérer le tarissement de la sécrétion lactée.
Régime alimentaire de la mère allaitante allergique
Il a été suggéré que dans certaines familles très atopiques l’utilisation de formules à base de protéines hydrolysées était préférable à l’allaitement maternel car des protéines alimentaires ingérées par la mère allaitante se retrouvaient intactes dans le lait maternel et pouvaient donc sensibiliser ces nourrissons particulièrement prédisposés. Un tel message ne doit sûrement pas être diffusé :
- car il s’agit vraisemblablement d’un biais d’interprétation dans la mesure où aucune étude s’intéressant à l’allaitement au sein ne peut être randomisée.
Il est donc probable que la décision d’allaiter est plus souvent prise dans les familles les plus atopiques, expliquant ainsi la plus grande fréquence des manifestations allergiques chez les nourrissons allaités ;
- surtout parce qu’il pourrait avoir des effets assez dévastateurs sur l’incidence de l’allaitement au sein dont les conséquences seraient probablement plus préjudiciables en termes de prévention de l’allergie chez le nourrisson.
Il est en revanche exact que des protéines ingérées par les mères peuvent passer dans leur lait et être ainsi responsables de manifestations allergiques chez l’enfant. Ces observations demeurent cependant exceptionnelles et aucun régime restrictif sévère ne doit être systématiquement préconisé aux mères ayant un terrain atopique familial. De tels régimes sont beaucoup plus dangereux par les carences qu’ils peuvent entraîner qu’ils ne sont efficaces pour prévenir les manifestations allergiques.
Il n’est de plus pas impossible que l’ingestion précoce de petites quantités de protéines par le nourrisson participe à l’acquisition d’une tolérance immunitaire vis-à-vis de ces protéines, comme s’il s’agissait d’une désensibilisation progressive. Ce phénomène pourrait expliquer le rôle protecteur de l’allaitement maternel sur la survenue de manifestations allergiques ultérieures.
Recommandations
Aucun aliment ne doit être exclu à titre systématique du régime des mères allaitant un enfant ayant un terrain atopique familial.
Certains suggèrent néanmoins que l’arachide (cacahuète) le soit en raison de la gravité potentielle des réactions allergiques à l’arachide chez le nourrisson et du caractère non indispensable de cet aliment, mais cette recommandation ne repose sur aucune donnée scientifique concrète.
L’exclusion d’un allergène (protéines du lait de vache, œufs, etc.) est préconisée seulement s’il existe une preuve patente, constatée chez l’enfant, d’allergie à cet allergène précis.
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