Cours

Plaie de Pression, Escarre : stades, traitements

Plaie de pression ou les escarres sont une préoccupation majeure pour les professionnels de la santé, en particulier pour les infirmiers et infirmières qui travaillent en étroite collaboration avec des patients immobiles ou en situation de mobilité réduite. Comprendre en profondeur ce problème est essentiel pour assurer des soins optimaux et prévenir le développement de ces plaies douloureuses et potentiellement graves.

Qu’est-ce qu’une plaie de pression / escarre?

Plaies de pression, également connues sous le nom d’escarres ou d’ulcères de décubitus, se forment lorsque la pression prolongée sur la peau limite l’approvisionnement en sang à une zone spécifique du corps. Cela entraîne une détérioration des tissus, conduisant à des lésions cutanées qui peuvent aller de légères rougeurs à des ulcères profonds.

Stades de plaie de pression

Les plaies de pression sont classées en stades en fonction de leur gravité. Du stade I, caractérisé par une rougeur de la peau, au stade IV, impliquant des lésions étendues jusqu’aux tissus sous-cutanés, une compréhension approfondie des différents stades est cruciale pour une intervention précoce.

Stade de la PlaieDescriptionCaractéristiques
Stade IRougeur de la peauPeau intacte, ne blanchit pas à la pression.
Stade IIPerte partielle de l’épidermeUlcère superficiel, érosion ou ampoule.
Stade IIIPerte de toute l’épaisseur de la peauUlcère plus profond, atteignant le tissu sous-cutané.
Stade IVLésion étendue aux tissus sous-cutanésUlcère profond, atteignant les muscles, les os ou les structures de soutien.
Stade VLésion grave avec nécrose des tissusUlcère très profond, avec des dommages étendus aux tissus, muscles, os et/ou structures de soutien.
Stade inclassableIncapacité à déterminer le stadeLa présence de tissu nécrotique peut rendre la classification difficile.
escarre stade

Il est important de noter que le stade d’une plaie de pression est déterminé en fonction de la profondeur de la lésion et de l’implication des différentes couches de la peau et des tissus sous-jacents.

Les sites anatomiques les plus souvent associés aux plaies de pression sont : le sacrum (37 %), les talons (30 %), les coudes (7 %), les malléoles (6 %), les trochanters (5 %), les genoux, les omoplates et l’occiput. 

Escarres photos

plaie de pression stade 1, escarre stade 1
escarre stade 2, plaie de pression stade 2
plaie de pression stade 3
escarre stade 4, plaie de pression stade 4
plaie-de-pression-stade-indeterminé, escarre-stade-indeterminé

Causes des plaies de pression

Causes des Plaies de PressionDescription
Pression prolongéeLa pression constante sur une zone spécifique du corps, souvent due à une immobilité prolongée.
FrictionLe frottement de la peau contre une surface, aggravant la pression et pouvant causer des lésions.
Humidité excessiveLa persistance de l’humidité sur la peau, favorisant la macération et augmentant le risque de plaies.
Mauvaise alimentationUn apport nutritionnel insuffisant peut affaiblir la peau et compromettre sa capacité à résister aux pressions.
IncontinenceL’exposition prolongée à l’humidité causée par l’incontinence urinaire ou fécale peut entraîner des plaies de pression.
Âge avancéLes personnes âgées sont souvent plus vulnérables en raison de la fragilité de leur peau et d’autres problèmes de santé associés.
Maladies chroniquesDes conditions médicales telles que le diabète, l’insuffisance vasculaire, et d’autres maladies chroniques augmentent le risque de plaies de pression.
ImmobilitéL’incapacité à changer de position régulièrement peut entraîner une pression excessive sur certaines parties du corps.
les causes des escarres

Principaux facteurs de risque des plaies de pression

  • État nutritionnel altéré : ex. anémie ferriprive, déshydratation, dénutrition protéino-énergétique;
  • Problèmes de santé causant de l’immobilité (ex. : AVC, septicémie, certains positionnements durant une chirurgie et durée prolongée, trauma,  fixations orthopédiques ou plâtres d’immobilisation, etc.);
  • Âge avancé
  • Incontinence fécale, urinaire (risque de macération de la peau, bris cutané et infection);
  • Positionnement au lit ou manipulations physiques inadéquates entraînant : friction, pression ou cisaillement cutanés (ex. : bas élastiques insuffisamment tendus au creux poplité).
  • Maladies : atteinte neurologique (atteinte sensitivo-motrice, ex. : neuropathie périphérique), Vasculaires (ex. : insuffisance veineuse, thrombophlébite, diabète
    , artériosclérose,  lymphœdème périphérique), déficience immunitaire (ex. : cancer, vasculite), etc.;
  • Altération du niveau de collaboration: dépression, confusion, effet secondaire de la médication, coma, apathie;

Évaluation infirmière d’une plaie de pression

1. Observation générale :

  • Examiner la localisation de la plaie et noter les parties du corps touchées.
  • Observer la taille, la forme et la profondeur de la plaie.
  • Identifier la présence de signes d’infection tels que rougeur, chaleur, gonflement, ou écoulement purulent.

2. Classer le stade de la plaie :

  • Utiliser la classification des stades (I à V) pour déterminer la gravité de la plaie.
  • Évaluer la présence de tissu nécrotique ou de signes de détérioration.

3. Mesures précises :

  • Utiliser un dispositif de mesure pour évaluer la taille de la plaie, en longueur, largeur et profondeur.
  • Noter la présence de tunnels ou de sinus.

4. Tissu de la plaie :

  • Observer les caractéristiques du tissu de la plaie, tels que granulation, nécrose, ou tissu de cicatrisation.
  • Évaluer la vascularisation du lit de la plaie.

5. Périmètre de la plaie :

  • Examiner la zone environnante pour détecter des signes de macération, de rougeur ou de chaleur.
  • Noter la présence de peau intacte ou de signes précoces de lésions.

6. Douleur et confort :

  • Évaluer la douleur du patient associée à la plaie.
  • Noter toute indication de malaise ou d’inconfort.

7. Examen des structures sous-jacentes :

  • Si possible, évaluer la présence de lésions musculaires, osseuses ou d’autres structures sous-jacentes.

8. Facteurs de risque :

  • Identifier les facteurs de risque individuels du patient, tels que la mobilité réduite, l’incontinence, ou des problèmes nutritionnels.

9. Documentation :

  • Documenter de manière précise et détaillée toutes les observations, mesures et évaluations effectuées.

L’échelle de Braden

L’échelle de Braden est un outil d’évaluation largement utilisé pour estimer le risque de plaie de pression chez les patients. Elle prend en compte six principaux facteurs et attribue un score à chacun. Le score global obtenu, permet d’évaluer le risque plaie de pression.

C’est le score final, allant de 6 à 23, qui déterminera le niveau de risque global du patient. Plus le nombre est petit, plus le risque de développer des plaies de pression est élevé.

  • Risque grave : 9 ou moins
  • Risque élevé : 10 à 12
  • Risque modéré : 13 à 14
  • Risque léger : 15 à 18
  • Aucun risque : 19 à 23

Plaies de pression : Plan de soins infirmiers

voici un exemple de plan de soins infirmiers pour un patient à risque de plaies de pression:

ObjectifInterventionsFréquenceÉvaluation
Prévention des plaies de pression
1. Identifier les facteurs de risque– Évaluer la mobilité du patient – Évaluer l’état nutritionnel – Évaluer la sensation cutanée – Évaluer l’hydratation de la peauÀ l’admission et régulièrement par la suiteDocumenter les facteurs de risque identifiés
2. Éduquer le patient et les aidants sur la prévention– Fournir des informations sur la redistribution du poids – Encourager les changements de position toutes les 2 heures – Expliquer l’importance d’une alimentation équilibrée – Encourager l’hydratation adéquateÀ l’admission et régulièrement par la suiteObserver la compréhension du patient et de l’aidant
3. Mise en place de dispositifs de soulagement de la pression– Utiliser des matelas et coussins adaptés – Enseigner l’utilisation de coussins pour les talons et les coudesSelon les besoins du patientVérifier l’efficacité des dispositifs de soulagement de la pression
Surveillance de la peau
4. Inspecter la peau régulièrement– Effectuer une inspection visuelle de la peau toutes les 4 heures – Utiliser l’échelle de Braden pour évaluer le risque – Documenter toute rougeur ou changement de la peauToutes les 4 heures et à chaque changement de positionNoter l’état de la peau et les mesures prises en réponse
5. Maintenir une bonne hygiène cutanée– Nettoyer la peau avec des produits doux et non irritants – Appliquer des lotions hydratantes – Éviter les frottements excessifs lors des soinsAu moins une fois par jourÉvaluer la peau pour toute signe d’irritation ou de lésion
Interventions en cas de plaies de pression
6. Appliquer des pansements spécifiques– Utiliser des pansements adaptés aux plaies de pression – Suivre les protocoles de changement de pansementSelon les recommandations du médecin ou de l’infirmière spécialiséeÉvaluer la guérison de la plaie et ajuster le plan de soins en conséquence
7. Évaluer la douleur– Utiliser une échelle de douleur appropriée – Administrer des analgésiques selon les ordonnances médicalesAvant et après les interventions douloureusesDocumenter l’évaluation de la douleur et l’efficacité des analgésiques

Traitement des plaies de pression:

Le traitement des plaies de pression dépend du stade de la plaie et des caractéristiques spécifiques du patient. 

Stade I : Plaie de Pression Superficielle

Objectifs du Traitement :

  • Prévenir la progression de la plaie.
  • Soulager la pression sur la zone affectée.

Interventions :

  • Changement de position :
    • Encourager le patient à changer de position toutes les 2 heures.
    • Utiliser des dispositifs de soulagement de la pression tels que des coussins ou des matelas spéciaux.
  • Contrôle de l’humidité :
    • Utiliser des pansements transparents pour maintenir un environnement humide.
    • Éviter les pansements qui peuvent causer une macération.
  • Éducation du patient :
    • Enseigner l’importance des changements de position.
    • Encourager l’auto-inspection de la peau.

Stade II : Perte de Substance Cutanée Partielle

Objectifs du Traitement :

  • Prévenir l’infection.
  • Favoriser la cicatrisation.

Interventions :

  • Nettoyage de la plaie :
    • Utiliser une solution saline stérile pour le nettoyage.
    • Éviter les antiseptiques cytotoxiques.
  • Protection de la plaie :
    • Appliquer des pansements hydrocolloïdes ou hydrogels.
    • Éviter les pansements adhésifs directs sur la plaie.
  • Débridement (si nécessaire) :
    • Débrider les tissus nécrotiques sous supervision médicale.
    • Favoriser le débridement autolytique avec des pansements interactifs.
  • Éducation du patient :
    • Instruire sur la surveillance des signes d’infection.
    • Expliquer les changements de pansements.

Stade III : Perte de Substance Cutanée Totale

Objectifs du Traitement :

  • Prévenir l’infection.
  • Favoriser la granulation et l’épithélialisation.

Interventions :

  • Débridement (si nécessaire) :
    • Débridement chirurgical ou autolytique selon l’évaluation médicale.
    • Gérer les infections systémiques avec des antibiotiques.
  • Contrôle de l’infection :
    • Utilisation d’antibiotiques topiques ou systémiques.
  • Protection de la plaie :
    • Utiliser des pansements spécifiques pour les plaies de pression.
    • Éviter la pression et le frottement excessifs.
  • Éducation du patient :
    • Enseigner sur la gestion de la douleur.
    • Encourager une alimentation riche en protéines et en nutriments.

Stade IV : Perte étendue de Substance Cutanée avec Atteinte Musculaire ou Osseuse

Objectifs du Traitement :

  • Prévenir les complications graves.
  • Favoriser la cicatrisation.

Interventions :

  • Débridement (si nécessaire) :
    • Débridement chirurgical.
    • Gestion des infections avec des antibiotiques.
  • Gestion de la douleur :
    • Utilisation d’analgésiques selon les ordonnances médicales.
  • Protection de la plaie :
    • Utilisation de pansements spécifiques pour les plaies profondes.
    • Éviter la pression directe sur les zones osseuses.
  • Réévaluation fréquente :
    • Évaluation régulière par une équipe de soins multidisciplinaire.
Share

This website uses cookies.